Titre: Vers la science de la mise en œuvre des pratiques basées sur les preuves en Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent
Date : 5 Décembre 2023 à 14h.
Lieu : Faculté de médecine Lyon Est, Bâtiment Principal Rockefeller, en salle des Thèses.
Jury :
M. BALEYTE Jean-Marc, Professeur des Universités Praticien Hospitalier, Université de Caen Normandie ;
M. COLIN Cyrille, Professeur des Universités Praticien Hospitalier, Université Lyon 1 ;
M. GEORGIEFF Nicolas, Professeur des Universités Praticien Hospitalier, Université Lyon 1 ;
Monsieur GICQUEL Ludovic, Professeur des Universités Praticien Hospitalier, Université de Poitiers ;
Monsieur MOTTRON Laurent, Professeur, Université de Montréal (Canada) ;
Madame PURPER-OUAKIL Diane, Professeure des Universités Praticien Hospitalier, Université de Montpellier ;
Madame SCHOTT-PETHELAZ Anne-Marie, Professeure des Universités Praticien Hospitalier, Université Lyon 1 ;
Monsieur SPERANZA Mario, Professeur des Universités Praticien Hospitalier, Université Paris Saclay.
Abstract :
Depuis près de 10 ans, je mène des travaux de recherche axés sur l'étiologie et la recherche-action en autisme. Récemment, ces travaux se sont élargis à la science de la mise en oeuvre des pratiques basées sur les preuves (traduction de "implementation Science") dans le champ de la Psychiatrie de l'Enfant et de l'Adolescent (PEA).
Mon premier axe de recherche a débuté et se poursuit sur la question des biomarqueurs et des processus neurocognitifs impliqués dans l'autisme. Il est observé, chez certains jeunes enfants avec un autisme dit prototypique, des comportements d'observation prolongée sur des éléments isomorphes tels que les lettres d'un alphabet ou des chiffres. Mon premier travail de recherche, effectué en collaboration inter-CHU avec les HCL sur le centre expert en autisme de l'hôpital de Rivière-de-Prairie affilié à l'Université de Montréal, reposait sur l'hypothèse d'une atypie dans le traitement spatial de la perception (Geoffray, Poster, IMFAR, Philadelphie, 2010). Cette hypothèse a évolué récemment : en collaboration avec l'équipe de J-R Hochmann (Baby lab, ISC, CNRS UMR 5229, Bron), nous supposons que l'atypie dans le traitement temporel pourrait expliquer celle du traitement spatial dans la perception (Dochez, soumis). Ces travaux vont se poursuivre par une évaluation du traitement perceptif chez des bébés à risque dans la cohorte nationale Marianne (Pr. Amaria Baghdali), à laquelle nous collaborons (Geoffray, 2023). Lors de ma mobilité à l'Université de Manchester au Royaume-Uni en 2019, j'ai travaillé sur la voie de signalisation MAPK (Mitogen Activated Protein Kinase), qui joue un rôle clé dans la régulation de la plasticité synaptique et de la mémoire, et qui est potentiellement impliquée dans l'autisme (Geoffray et al., 2020, 2021). L'ensemble de ces travaux vise à améliorer le phénotypage de l'autisme et développer dans le futur une médecine de précision.
Mon second axe de recherche, dominant ces 10 dernières années, concerne la recherche-action dans le domaine de l'intervention précoce en autisme (Geoffray et al., 2016). Ces études portent sur l'efficacité de certains modèles d'interventions précoces en autisme (Jurek et al., 2021; Touzet et al., 2017; Geoffray et al., soumis). Ma thèse de science traitait de la manière d'évaluer l'efficacité des thérapies pour l'autisme. Ces travaux ont évolué avec la thèse de Science d'EDISS du Dr J. Jurek (soutenance prévue en décembre 2023) sur la contribution des recherches qualitatives dans ce domaine (Jurek et al., 2022; Geoffray et al., soumis). Ils se poursuivront prochainement avec la direction d'une thèse de science (Dr Jay) sur l'efficience de la guidance parentale par vidéo-feedback.
Mon troisième axe de recherche, centré sur "l'implementation Science", vise à évaluer les différents facteurs impliqués à tous les niveaux de mise en oeuvre des pratiques basées sur les preuves (EBP) en pratique courante, et à mesurer l'impact de la modification de certains de ces facteurs sur l’implémentation. L'implémentation dépend notamment des caractéristiques de l'intervention, des caractéristiques individuelles des praticiens (ex : attitude vis-à-vis de l’EBP des professionnels, Piccolo, soumis, 2023), du contexte interne (structure, politique, culture de l'organisation), du contexte externe (contexte économique, politique et social, incluant les ressources des patients), et des processus de mise en oeuvre (stratégies adoptées pour induire un changement actif de pratique). Nous avons dirigé le travail de master d'une collègue lors de notre mobilité à Manchester, sur
l'importance d'intégrer les parents comme facteur d'implémentation dans les techniques de guidance parentale (Balanovska et al., Autism, en révision). Une autre publication est en cours sur l'attitude des professionnels du sanitaire en PEA vis-à-vis des pratiques basées sur les preuves (Piccolo, soumis). Nous débutons cette année avec un interne en médecine un travail sur la faisabilité de l'amélioration de l'implémentation grâce à trois leaders de trois techniques, pour lesquelles les équipes du service de neurodéveloppement que je dirige (80 agents) ont été formées depuis septembre 2021. Un autre projet débute avec une étudiante en master 2 en santé publique sur la mise en oeuvre de la plateforme d'orientation des premières demandes en PEA de la métropole, que j’ai créé et dont je suis également responsable depuis avril 2021. Ces travaux visent à optimiser la répartition des ressources, à établir une PEA basée sur l'EBP et en synergie avec tous les partenaires.