- Claude GUERIN : « Impact de la composition du personnel paramédical et mortalité en réanimation. Etude multicentrique, observationnelle »
L’organisation des services de réanimation a un impact sur leur efficacité et notamment sur la mortalité. Ce qui est bien connu est le rôle des ratios patient/infirmières et patient/médecin. Ce qui est non connu est le rôle de la composition de l’équipe soignante sur la mortalité en réanimation. Nous avons conduit une étude observationnelle multicentrique au sein de 8 services de réanimation adulte, à l’exclusion des services de réanimation pédiatrique, néo-natal et des brûlés pour étudier l’impact de la composition de l’équipe soignante de réanimation sur la mortalité à la sortie de la réanimation.
Nous avons étudié à travers deux bases de données institutionnelles 3 éléments ayant trait à la composition de l’équipe paramédicale (PNM) : La familiarité mesurée par le nombre de collaborations moyenne préalables entre les infirmières (IDE) et aide-soignante (ASD) au sein d’un service donné. La familiarité a été en outre catégorisée en sous-optimale (moins de 50 collaborations) ou optimale. Le rapport patient/IDE et patient/ASD. Nous avons défini un rapport sous-optimal comme > 1/2.5 et > 1/4, respectivement, ou optimal. L’expérience individuelle dans la réanimation comme le nombre de plages horaires dans ce service. Nous avons défini une expérience sous-optimale comme un nombre de plages < 400 ou optimale. Ces mesures ont été réalisées au sein de chaque plage horaire (7-19 hs et 19-7hs).
Un modèle de régression de Poisson a été utilisé pour analyser les relations entre ces 3 éléments et la mortalité au cours de la plage horaire (mortalité en l’absence de limitation/arrêt des thérapeutiques actives-LATA) et au cours de la plage horaire associée à une mortalité dans les suites de l’admission du patient en réanimation. Dans la période d’étude (1/01/2011 au 31/12/2016), au total 43,479 patients ont été inclus. La mortalité totale en réanimation a été de 14.5% (n=6,306) et 7.6% (n=3,311) si pas de LATA. Au total, 35,072 plages horaires (nocturnes et diurnes) ont été analysées soient 4384 plages par service et 8.9 à 23.7 patients par plage selon taille du service. 8,8% des plages horaires se sont accompagnées d’un décès après admission. Nous avons montré que le risque de mortalité augmente chez les patients exposés à une familiarité sous-optimale (risque relatif (RR) 1.06, IC95% [1.04-1.09]) et simultanément à des rapports patient/PNM sous-optimaux (RR 1.13, IC95% [1.07-1.19]). Une composition sous-optimale était présente dans 172 [116 -241] plages avec décès potentiellement évitables, correspondant à 7.5% de toutes les plages avec mortalité. Le risqué de décès à l’admission était également plus élevé en cas de composition sous-optimale (RR 1.27, IC95% [1.13-1.43]). En conclusion, la composition de l’équipe soignante est significativement associée à la mortalité en réanimation et son amélioration devrait être une priorité managériale.